Kitsune, renard mythique et Inari

Kitsune, renard mythique et Inari

Mystérieux, rusé et enveloppé d’une aura de magie, le Kitsune a déjà conquis le cœur de beaucoup d’Occidentaux grâce à ses représentations dans les mangas et jeux vidéo. Symbole de ruse et de métamorphose, le renard japonais légendaire occupe une place centrale dans le folklore nippon. Tantôt protecteur divin, tantôt yôkaï ou esprit farceur, il se glisse dans les récits de contes populaires, les croyances religieuses et même la culture moderne. Mais le Kitsune ne se limite pas à des histoires d’esprits joueurs. Associé à la déesse Inari, divinité de la maison, des céréales, de la prospérité et du commerce, il devient alors une figure protectrice respectée et vénérée dans de nombreux sanctuaires à travers le Japon. Qui n’a jamais été fasciné par les longues allées de torii rouges du sanctuaire de Fushimi Inari Taisha à Kyoto, gardées par des statues de renards au regard perçant ? Dans cet article, nous plongeons au cœur de la légende du Kitsune, de son histoire millénaire à sa représentation dans la culture japonaise contemporaine. Vous découvrirez son rôle dans le folklore, les différents types de Kitsune et leurs pouvoirs surnaturels, ainsi que les lieux emblématiques du Japon où sa présence est encore bien vivante. Que vous soyez passionné de mythologie japonaise ou simplement curieux d’en savoir plus sur cet animal mythique, cet article vous dévoilera tous les secrets du renard à neuf queues.

L’histoire du Kitsune

petites figurines de kitsune déposées en offrandes sur un autel du sanctuaire Fushimi Inari Taisha à Kyoto

Signification et étymologie de « Kitsune » au Japon

Le terme « Kitsune » (狐) est le mot japonais utilisé pour désigner le renard. Mais son origine linguistique reste incertaine. Selon certaines théories, le mot « kitsune » serait une déformation du verbe « kitsuru » (来つる), qui signifie « venir », avec le suffixe « ne », souvent utilisé pour désigner des êtres ou des choses. Cette étymologie reflète peut-être l’idée d’un animal qui vient et disparaît furtivement, à l’image du comportement naturel du renard.

Une autre hypothèse relie « kitsune » au terme « kitsu », qui serait l’onomatopée du cri du renard. Ce son aurait ensuite évolué pour devenir le nom de l’animal. Dans la culture ancienne, entendre le cri du renard au cœur de la nuit était vu comme un présage de mauvais augure, d’où l’association du kitsune avec des phénomènes surnaturels. Ce lien étymologique met déjà en lumière l’aura mystique qui entoure cet animal.

En japonais, le kanji 狐 qui désigne le renard est fréquemment associé aux notions de ruse, de métamorphose et de pouvoirs surnaturels. Cette association n’est pas anodine, car le kitsune, dans les récits folkloriques, est capable de se transformer en femme humaine, de jeter des sorts et de manipuler les esprits.

Les origines du renard mythique

Les origines de la légende du Kitsune remontent à des siècles, bien avant l’ère Edo. Elles sont étroitement liées à la nature et aux interactions entre les humains et les animaux sauvages. Les premiers récits de renards surnaturels au Japon seraient influencés par la mythologie chinoise et coréenne, où le renard à neuf queues, appelé « Huli Jing » en Chine et « Kumiho » en Corée, joue également un rôle de métamorphe. On retrouve des traces de ces légendes anciennes dans des écrits historiques comme le Nihon Ryoiki et le Konjaku Monogatari.

Dans la culture japonaise, le renard a d’abord été perçu comme un messager divin de la déesse Inari Okami, divinité du riz, de la fertilité et de la prospérité. Ce lien entre le renard et les récoltes de riz explique sa présence dans les sanctuaires shinto dédiés à Inari, où l’on trouve des statues de renards en pierre ou en bronze tenant des épis de riz ou des rouleaux de clés.

Mais avant de devenir une figure sacrée, le renard japonais était vu comme un animal rusé et farceur. Dans la nature, les renards sont des animaux discrets, capables de se déplacer sans bruit et de chasser de manière furtive. Ce comportement a nourri les croyances populaires selon lesquelles le renard aurait des pouvoirs magiques, notamment celui de se rendre invisible ou de se métamorphoser en humain. Ces croyances se sont transformées en récits populaires transmis de génération en génération.

Un autre aspect de cette origine provient de la proximité entre les humains et les renards. Les renards vivaient souvent près des villages agricoles et des rizières, à la recherche de nourriture. Ce rapprochement entre l’homme et l’animal aurait renforcé l’idée que le renard possédait des pouvoirs surnaturels, surtout lorsqu’il apparaissait soudainement au milieu des champs.

Kitsune blanc à neuf queues - source Flickr

La place du Kitsune dans le folklore japonais

Comme le tanuki ou le manekineko, le Kitsune occupe une place importante dans le folklore japonais, souvent représenté sous deux formes principales :

  • Le Kitsune messager divin associé à la déesse Inari.
  • Le Kitsune farceur et métamorphe, esprit surnaturel capable de duper les humains.

On vous donne plus de détails sur les différents types de Kitsune plus loin dans l’article.

Le Kitsune messager myôbu de la déesse Inari

Le lien entre le renard et la déesse Inari est l’un des plus forts et des plus durables de la culture japonaise. Ce rôle sacré est visible dans les nombreux sanctuaires shinto dédiés à Inari au Japon, où l’on retrouve des statues de renards positionnées de chaque côté de l’entrée. Ces statues sont souvent dotées de symboles religieux :

  • Une clé dans la bouche symbolisant l’accès aux greniers à riz.
  • Une boule représentant une pierre sacrée ou l’âme.
  • Un rouleau symbolisant les enseignements divins.

Les fidèles prient ces renards divins pour obtenir des récoltes abondantes, du succès dans les affaires ou la protection contre les forces du mal.

Tête de kitsune messager "myobu" portant un rouleau de textes sacrés dans sa bouche. Toyokawa Inari

Le Kitsune yako, métamorphe et farceur

Dans les légendes populaires, le Kitsune métamorphe, appelé yako ou nogistune, est un personnage bien plus complexe. Capable de prendre une apparence humaine, il se fait souvent passer pour une belle jeune femme qui séduit les hommes.

On retrouve ce motif dans de nombreuses histoires d’« épouse-renarde », où un homme se marie avec une femme qui s’avère être un renard sous sa forme humaine. Lorsqu’elle est découverte, elle retourne dans la forêt, laissant son mari et ses enfants derrière elle. Ces récits rappellent les thèmes universels de l’illusion, de l’amour impossible et du lien fragile entre l’humain et le surnaturel.

Outre la métamorphose, le Kitsune est également connu pour ses farces et ses tours malicieux. Il peut faire perdre le sens de l’orientation à des voyageurs, faire apparaître des feux follets appelés « kitsune-bi » (feux de renard) ou faire croire à des illusions visuelles.

Ce rôle de « farceur » est proche de celui d’autres figures mythologiques, comme le renard rusé dans les contes européens ou le coyote dans la mythologie amérindienne.

Les différents types de Kitsune

Dans le folklore japonais, les Kitsune se divisent en plusieurs catégories selon leur nature, leurs intentions et leurs pouvoirs. Traditionnellement, on peut les classer de deux manières principales :

  • Par leur rôle et leur alignement moral (bons ou mauvais).
  • Par leur nombre de queues, symbole de leur puissance et de leur ancienneté.

Différents types de Kitsune - En haut, de gauche à droite : Myôbu, ginkgo et kinko, kiko - En bas : nogitsune, yôko, tenko - source Matthew Meyer sur Yokai.com

Les deux grandes catégories de Kitsune : Zenko et Yako

La classification la plus courante des Kitsune repose sur leur nature morale et leur relation avec la divinité Inari. Cette dualité est comparable au concept de bien et de mal, ou d’esprit protecteur et d’esprit farceur.

Zenko (善狐) — Les renards bienveillants

Les Zenko sont des renards bienveillants et protecteurs, souvent perçus comme des messagers de la divinité Inari Okami, la déesse du riz, de la fertilité et de la prospérité. Leur nom, « Zenko », signifie littéralement « bon renard ». Ils sont généralement associés à la pureté et au divin.

Les Zenko jouent un rôle de gardiens des sanctuaires d’Inari. Ces kitsune protègent les fidèles, les récoltes et les richesses agricoles. C’est pourquoi, dans de nombreux sanctuaires d’Inari, vous verrez des statues de renards en pierre, souvent représentées avec des objets symboliques dans la bouche (clé, boule ou épi de riz).

Ces renards ne trompent pas les humains, au contraire, ils les aident et les protègent. Leur rôle est similaire à celui des esprits gardiens ou des divinités protectrices que l’on retrouve dans d’autres cultures.

Yako (野狐) — Les renards farceurs et espiègles

À l’opposé des Zenko, les Yako (ou Nogitsune, 野狐) sont des renards farceurs, espiègles et parfois malveillants. Contrairement aux Zenko qui servent la déesse Inari, les Yako sont des esprits libres, non affiliés à une divinité. Leur nom, « Yako », signifie « renard des champs » ou « renard sauvage », ce qui souligne leur nature indépendante et sauvage.

Les Yako sont souvent présentés comme des êtres farceurs qui se plaisent à duper les humains, à les égarer dans les forêts ou à les piéger par des illusions.

Ils utilisent leur pouvoir de métamorphose pour prendre la forme d’êtres humains, généralement celle de jeunes femmes séduisantes, et ils usent de ce subterfuge pour tromper les voyageurs ou les marchands. Les récits de femmes-renardes sont récurrents dans la littérature japonaise. Cependant, tous les Yako ne sont pas nécessairement maléfiques. Certains d’entre eux agissent simplement pour jouer des farces inoffensives, comme dérober de la nourriture ou faire perdre le chemin aux voyageurs. Mais d’autres légendes les décrivent comme plus sombres et malveillants, pouvant posséder les humains pour semer le chaos.

Les Kitsune classés par le nombre de queues

Le nombre de queues du Kitsune est un indicateur important de sa puissance magique et de son ancienneté. Dans la tradition japonaise, les queues des Kitsune se multiplient à mesure qu’ils vieillissent et gagnent en sagesse et en puissance.

Le renard à 1 queue — le jeune Kitsune

Un Kitsune ordinaire, au début de son existence, ne possède qu’une seule queue. À ce stade, il n’a que des pouvoirs limités. Selon certains écrits, il a déjà la capacité de se métamorphoser en humain et de créer des illusions. La plupart des Kitsune que l’on retrouve dans les récits populaires ont une seule queue.

Le renard à 5 et 7 queues — Le Kitsune expérimenté

En s’exerçant pendant plusieurs siècles, le kitsune peut acquérir de nouveaux pouvoirs, et avec eux, de nouvelles queues. Les récits populaires parlent généralement de renards à 5 ou 7 queues, preuve d’une vie de plusieurs siècles.

Les Kitsune qui possèdent plusieurs queues sont des entités très puissantes, capables d’influencer l’esprit des humains.

Leur pouvoir est comparable à celui des esprits ou des dieux locaux. Ces renards plus anciens sont parfois considérés comme des guides spirituels et sont traités avec respect et crainte par les humains.

Le renard à 9 queues — Le kitsune ultime

Le Kitsune à 9 queues est l’un des symboles les plus emblématiques du folklore japonais. Appelé « Kyūbi no Kitsune » (九尾の狐), ce renard mythique est l’aboutissement ultime du pouvoir du Kitsune.

Âgées de plusieurs millénaires, ces créatures possèdent des pouvoirs divins et sont capables de manipuler les éléments, d’omniscience et de maîtriser l’esprit humain.

Le Kyūbi no Kitsune est souvent perçu comme un être dangereux et ambivalent. Il incarne à la fois la sagesse ultime et la puissance destructrice. Dans certaines légendes, il est décrit comme un esprit gardien, mais dans d’autres, il est perçu comme un démon apportant la ruine et le chaos.

On retrouve cette figure dans la pop culture moderne, notamment dans des œuvres comme Naruto (avec le démon-renard Kurama), Yu Yu Hakusho (avec le personnage Yoko Kurama) ou encore des séries de jeux vidéo comme Okami. Ce symbole dépasse aujourd’hui les frontières du Japon et devient une figure populaire de la mythologie mondiale.

Kyûbi no Kitsune - renard à neuf queues dessiné dans le thème du jeu vidéo Okami - dessin par Satsuki Chan

Autres types de Kitsune (par leurs pouvoirs et leurs formes)

En plus des classifications par nombre de queues et par alignement moral, il existe dans les récits d’autres types de Kitsune. Ils ont des noms particuliers, en fonction de leurs capacités, de leur forme ou de leur couleur. Voici quelques exemples :

  • Tenko (天狐) : le Kitsune céleste. Ce sont des Kitsune divins, souvent dotés de 9 queues, qui vivent dans les cieux. Ils sont assimilés à des divinités célestes.
  • Kuko (空狐) : le Kitsune du néant. Ce type de renard mythique est encore plus puissant que le Tenko, mais il est extrêmement rare.
  • Chikako (地狐) : les renards terrestres. Ce sont des Kitsune qui n’ont pas encore atteint la sagesse des Tenko, mais qui sont liés aux forces de la terre et des forêts.
  • Ninko (人狐) : un Kitsune invisible qui ne peut être perçu que par ceux qu’il a possédés. Ces Kitsune sont considérés comme des esprits invisibles qui interfèrent avec les vies humaines.
  • Kinko (金狐) : un renard qui fait partie des zenko.
  • Ginko (銀狐) : les renards d’argent qui font aussi partie des zenko
  • Kokuko ou Kurogitsune (黒狐) : le renard noir, autre messager d’Inari
  • Hyakko ou Byakko (白狐) : les renards blancs qui sont aussi des kitsune bienveillants
  • Sekiko ou Akagitsune (赤狐) : sont aussi des messagers de la déesse, mais de couleur rouge

La légende du renard à neuf queues

Prince Hanzoku terrorisé par un renard à neuf queues - estampe japonaise par Utagawa KuniyoshiLe renard à neuf queues, appelé Kyūbi no Kitsune (九尾の狐), ou simplement "Kyūbi", en japonais, est l’une des formes les plus puissantes et les plus emblématiques du Kitsune. Cette créature, à la frontière entre le divin et le démoniaque, est présente dans plusieurs cultures asiatiques, notamment au Japon, en Chine (Huli Jing) et en Corée (Kumiho).

Elle est souvent perçue comme une entité surnaturelle d’une puissance inégalée, à la fois sage, rusée et dangereuse. La légende du Kyūbi no Kitsune est riche et complexe, influençant à la fois les récits traditionnels et la culture populaire moderne.

La magie du kitsune

La magie des Kitsune est l’un des aspects les plus fascinants de cette créature légendaire. Plus un Kitsune vieillit, plus il gagne en sagesse, en intelligence et en pouvoirs magiques. Le nombre de queues du renard reflète la maîtrise de ses arts magiques, atteignant son apogée lorsqu’il possède neuf queues, signe qu’il a vécu plus de 1000 ans.

Voici les principaux pouvoirs surnaturels des Kitsune.

La métamorphose (Henge, 変化)

L’un des pouvoirs les plus connus des Kitsune est la capacité de se transformer. Ils peuvent prendre la forme d’humains, souvent des jeunes femmes séduisantes, des vieillards ou même des enfants innocents. Cette habileté leur permet de tromper et manipuler les humains. On raconte que certains Kitsune peuvent aussi se métamorphoser en objets du quotidien pour passer inaperçus.

Exemple célèbre : l’histoire d’un Kitsune qui se transforme en belle femme pour séduire un homme. De nombreuses légendes racontent des mariages entre des hommes et des femmes-renardes. Cependant, une fois l’identité du Kitsune révélée, la femme disparaît à jamais.

Le feu kitsune-bi (狐火)

Les kitsune-bi (feux du renard) sont de petites flammes surnaturelles que le Kitsune peut invoquer pour éclairer la nuit ou égarer les voyageurs. Ces flammes bleues ou rougeâtres ressemblent aux feux follets européens. Elles sont le signe de la présence d’un Kitsune à proximité. Dans certaines régions du Japon, les villageois affirment encore voir ces feux mystérieux dans les forêts la nuit.

La possession spirituelle (Kitsune-tsuki, 狐憑き)

Les Kitsune peuvent posséder les humains en infiltrant leur esprit. Ce phénomène est appelé Kitsune-tsuki. La possession se produit lorsque le Kitsune entre par les ongles ou se glisse sous la peau. Les victimes, souvent des femmes, se mettent alors à se comporter bizarrement, à parler de manière étrange ou à adopter les habitudes d’un renard (vol de nourriture, comportements rusés, etc.).

Dans certaines régions du Japon, cette possession est perçue comme une malédiction. Les exorcistes ou les prêtres sont parfois appelés pour chasser l’esprit renard de la personne possédée.

L’illusion (Mugen, 夢幻)

Les Kitsune maîtrisent l’art des illusions, qu’il s’agisse de créer de faux paysages, des visions d’animaux ou de fausses réalités. Cette illusion peut être si puissante qu’elle plonge l’humain dans un état de rêve éveillé, incapable de différencier le réel du fictif.

Ce pouvoir est particulièrement utilisé par les Yako, les Kitsune farceurs, pour tromper et égarer les voyageurs.

Les légendes populaires sur le kitsune

Les récits populaires autour des Kitsune sont innombrables au Japon. Ces histoires mêlent romance, trahison, ruse et spiritualité. Voici quelques légendes célèbres autour de cette créature surnaturelle.

Pour en savoir plus en version vidéo, nous vous proposons une vidéo de “La Minute d’Histoire et Mythologie” sur le Kitsune :

Les légendes sur les femmes-renardes

De nombreuses légendes racontent des histoires d’hommes qui épousent une femme renarde sans savoir qu’elle est un Kitsune. Pendant des années, le couple vit en harmonie et la femme donne naissance à des enfants.

Cependant, un jour, l’homme découvre par accident la véritable nature de sa femme (par exemple, en la surprenant retirer sa peau de renard) et celle-ci fuit à jamais. Ou alors l’homme se réveille loin de sa famille, comme si son mariage était un rêve.

Le renard de Tamamo-no-Mae (玉藻の前)

L’une des légendes les plus connues au Japon est celle de Tamamo-no-Mae, une femme d’une beauté inégalée qui conseillait l’empereur. Cette femme était en réalité un Kitsune à neuf queues déguisé.

Kuniyoshi Kuzunoha - Kitsune ayant pris l’apparence d’une femme -  estampe japonaise par Utagawa KuniyoshiElle utilisait sa beauté et son intelligence pour manipuler la cour impériale, causant la ruine de l’empire. Une fois sa véritable identité révélée, elle fut pourchassée et tuée par un célèbre chasseur, mais son esprit maléfique resta piégé dans une pierre maudite, la célèbre Sessho-seki (殺生石).

Le renard de Kuzunoha (葛の葉)

La légende de Kuzunoha raconte l’histoire d’une femme-renarde qui tombe amoureuse d’un humain. Leur fils, Abe no Seimei, deviendra plus tard un célèbre onmyoji (maître des esprits et des forces occultes).

Cette légende met en lumière la nature protectrice des Kitsune et leur lien avec le monde des divinités et des esprits.

Les noces de renard Kitsune no yome-iri

Une autre croyance est celle des noces de renard ou Kitsune no yome-iri. Cette croyance a donné naissance à une expression du même nom, qui désigne la pluie qui tombe soudainement lors de journée ensoleillée. D’après la légende, cette pluie surviendrait lors du mariage de deux Kitsune.

La déesse Inari et ses Kitsune messagers

Les Kitsune de type Zenko sont les messagers de la déesse Inari (稲荷神). Inari est l’une des divinités les plus vénérées au Japon. Elle est associée à la fertilité, la prospérité, le riz et les récoltes agricoles, mais aussi à la maison.

Les temples Inari sont reconnaissables à la présence de statues de renards à l’entrée, symboles des messagers divins d’Inari, et fréquemment à leur alignement de toriis rouges.

La déesse Inari est souvent associée aux renards, car ces derniers protègent les récoltes en mangeant les rongeurs. Le renard devient donc une métaphore de la protection des récoltes. C’est pourquoi on retrouve des kitsune gardiens dans les sanctuaires Inari, généralement représentés avec des clés, des balles ou des épis de riz dans la bouche.

Les sanctuaires d’Inari sont parmi les plus célèbres du Japon, notamment le Fushimi Inari Taisha à Kyoto, célèbre pour ses allées de portails rouges (toriis).

Le Kitsune dans la culture japonaise

La figure du Kitsune a transcendé le folklore pour s’inscrire durablement dans la culture japonaise moderne. Ce renard mythique est présent dans l’art, les objets du quotidien, les symboles religieux et même la culture pop contemporaine. Sa double nature (protecteur ou trompeur) et sa forte symbolique spirituelle en font un personnage clé, tant dans la tradition que dans l’imaginaire collectif japonais.

Objets à l’effigie du Kitsune

Les objets à l’effigie du Kitsune sont omniprésents dans la culture japonaise, notamment dans les sanctuaires shintoïstes, les magasins de souvenirs et les boutiques de produits dérivés de la pop culture. Ces objets sont souvent considérés comme des symboles protecteurs ou porte-bonheur. Voici quelques objets courants que l’on peut rencontrer.

actrice Japonaise portant un masque à l'effigie du Kitsune afin de montrer symboliquement sa réalité de femme-renarde.

Crédit photo : DepositPhotos

Les masques de Kitsune (Kitsune-men, 狐面)

Les masques de Kitsune sont les plus emblématiques. Ces masques, souvent portés lors de matsuri (festivals), sont utilisés dans les danses traditionnelles et les pièces de théâtre Nô ou Kabuki.

Les masques de Kitsune sont aussi prisés comme accessoires de déguisement lors de festivals populaires tels que le Fushimi Inari Taisha Matsuri ou lors du Oji Kitsune no Gyoretsu, la parade des renards Oji. Une manière pour les jeunes filles arborant un tel masque, souvent porté sur le côté de la tête, pour dire : "Tu me vois en jeune fille, mais attention : je suis peut-être une femme-renarde !"

On les retrouve aussi comme accessoires identifiables de certains personnages de manga et d’animé comme les forces spéciales de l’Anbu dans Naruto, ou les disciples de Sakonji Urokodaki dans Demon Slayer (Kimitsu no Yaiba).

Les amulettes et les ema (plaquettes de vœux)

Dans les sanctuaires Inari, on trouve souvent des ema (plaquettes de vœux) représentant des renards. Les fidèles écrivent leurs vœux et prières sur ces plaques avant de les suspendre au sanctuaire. Les omamori (amulettes) à l’effigie du Kitsune sont également très courantes. Ces porte-bonheurs servent à invoquer la protection de la déesse Inari et à attirer la prospérité et la chance.

amulette "ema" à l'effigie de kitsune, accrochées au sanctuaire Toyokawa Inari pour transmettre des voeux aux esprits du lieu.

Les statues de renards

Les statues de Kitsune en pierre sont les gardiens des sanctuaires d’Inari. Ces statues sont généralement positionnées de chaque côté des allées ou des entrées des sanctuaires. Les Kitsune tiennent parfois dans leur bouche une clé (symbolisant le grenier à riz) ou un épi de riz. Ces statues rappellent l’importance du Kitsune comme messager de la déesse Inari.

Objets décoratifs et vêtements

Ayant dépassé le simple symbole culturel, le kitsune, et même l’image du renard, s’est largement démocratisé pour occuper de nouvelles représentations. On le retrouve partout, au Japon comme ailleurs, comme effigie sur des objets décoratifs comme les noren, les peluches ou encore sur les vêtements.

Les renards à neuf queues célèbres

Le Kyûbi no Kitsune (renard à neuf queues) est une figure mythologique centrale, mais certaines incarnations de cette créature se sont distinguées au fil des siècles et dans la culture pop.

Différents Kitsune de la culture pop : en haut à gauche représentation de Tamamo no mae, en haut à droite Kyubi de Naruto, en bas à gauche Feunard de Pokémon et en bas à droite Yae Miko de Genshin Impact

Tamamo-no-Mae

On vous en a parlé plus haut, c’est l’une des plus célèbres légendes japonaises sur les Kitsune à neuf queues.

Tamamo-no-Mae, décrite comme une femme d’une beauté divine, était en réalité un Kitsune à neuf queues ayant infiltré la cour impériale pour manipuler l’empereur. Une fois découverte, elle fut traquée et tuée par un célèbre chasseur. Son esprit se serait ensuite incarné dans la Sessho-seki (la pierre de la mort), une pierre maudite censée tuer quiconque la touche.

Le Kyûbi de « Naruto »

Dans le célèbre anime « Naruto », le personnage principal abrite en lui un Kyûbi (renard à neuf queues). Cette créature, puissante et redoutée, symbolise à la fois le chaos et la rédemption. Son apparition dans la culture populaire a largement contribué à la popularisation du concept de Kitsune à l’international.

Kurama de « Yu Yu Hakusho »

Dans cet animé, Kurama est un ancien Yoko (renard démon). Ce personnage incarne la sagesse et la ruse, deux qualités associées au Kitsune. Ce genre de représentation dans la culture pop japonaise témoigne de l’impact du Kitsune sur l’imaginaire collectif.

Le kitsune dans les jeux vidéo

Il existe de nombreuses représentations et reprise du Kitsune dans l’univers du jeu vidéo.

Le plus célèbre est certainement Feunard, qui est décrit comme un Pokémon feu qui serait un dérivé du renard à neuf queues. Son Pokémon de base, Goupix, représente lui aussi un petit kitsune.

Des licences plus récentes ne sont pas en reste. C’est le cas notamment de Genshin Impact (petit clin d’œil à notre cosplayeur professionnel Axchuu), qui reprend l’image de la femme-renarde avec son personnage de Yae Miko.

De nombreuses licences League of Legend, Overwatch 2 ou encore Yo-kai Watch on aussi leur personnage à l’effigie du Kitsune.

Les lieux dédiés au Kitsune

Les lieux dédiés au Kitsune sont souvent des sanctuaires Inari où l’on vénère la déesse Inari et ses messagers renards. Ces lieux sont essentiels à la culture japonaise et attirent chaque année des millions de visiteurs. Et nous avons eu la chance de visiter chacun de ces lieux lors de nos voyages au Japon organisé lors des Konjakuryoko.

Le Fushimi Inari Taisha

Alignement des torii rouges emblématiques du Fushimi Inari Taisha, le temple dédié à la déesse Inari à Kyoto photographié lors du Konjakuryoko de mai 2024

Le Fushimi Inari Taisha est l’un des sanctuaires les plus célèbres du Japon. Situé à Kyoto, il est célèbre pour ses allées de portails rouges (toriis), souvent photographiées par des touristes du monde entier.

Les statues de Kitsune sont omniprésentes, et les visiteurs laissent des offrandes de riz et des plaquettes de vœux (ema). Ce sanctuaire est dédié à Inari, la divinité de la prospérité et des récoltes.

Le temple Toyokawa Inari

xStatuette de Kitsune photographiées au temple Toyokawa Inari lors du Konjakuryoko de novembre 2024x

Situé à Toyokawa, dans la préfecture de Aiichi, ce temple mélange bouddhisme et shintoïsme. Contrairement au Fushimi Inari, on y trouve en effet associés un temple bouddhiste, le Myōgon-ji, et le sanctuaire shinto dédié à Inari.

Ici aussi, les statues de renards sont omniprésentes, représentant les messagers d’Inari. Ce lieu est souvent fréquenté par les commerçants et hommes d’affaires cherchant à attirer la prospérité et la chance. En marge du sanctuaire Inari, un temple est d'ailleurs dédié à Ebisu, le dieu des commerçants.

Zao Kitsune Mura, le village des renards

Renard qui dort paisiblement dans le sanctuaire du Zao Kitsune Mura, le village des renards, photographié lors du Konjakuryoko de 2019

Le Zao Fox Village (Zao Kitsune Mura) est un parc animalier unique situé à Shiroishi, dans la préfecture de Miyagi. Ce lieu est célèbre pour ses renards en liberté, que les visiteurs peuvent observer de près.

Il offre une expérience immersive au cœur du monde du Kitsune. Les visiteurs peuvent nourrir les renards (sous certaines conditions) et admirer la variété de races de renards présentes sur le site.

« Être rusé comme un renard » est une expression qui prend tout sens, même au Japon. Mais par-delà le caractère sournois et intelligent du renard, le Kitsune possède ce côté mystique et magique propre aux bêtes de légendes. Entité autant bienveillante que malveillante, le Renard à neuf queues n’a pas fini d’enrichir la culture et les imaginaires tant au Japon qu’à l’international. Si les représentations du célèbre renard vous intéressent et vous intriguent, vous pouvez retrouver de très beaux objets déco à son effigie dans la boutique.

Images des différents types de Kitsune en provenance du site Yokai.com

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