Écriture japonaise : de la calligraphie des kanji aux systèmes d’écriture actuels

Écriture japonaise : de la calligraphie des kanji aux systèmes d’écriture actuels

L’écriture japonaise fascine par sa complexité, mais aussi sa beauté. Comme pour nos écritures occidentales, elle n’est pas qu’un moyen de communiquer, mais aussi un reflet profond de la culture et de l’histoire du Japon. Loin de notre alphabet, le système d’écriture japonais est constitué de deux syllabaires et de kanji. De l’introduction de ces kanji au Vᵉ siècle à l’évolution des syllabaires, hiragana et katakana, chacun de ces systèmes d’écriture a son identité propre et une explication à son existence. Dans cet article, nous allons explorer l’évolution et les différents systèmes d’écriture japonaise, des origines aux systèmes modernes en passant par la calligraphie.

Origines de l’écriture japonaise

L’influence de la Chine sur l’écriture japonaise

L’histoire de l’écriture japonaise commence avec l’arrivée des sinogrammes chinois, appelés kanji, au Japon au Vᵉ siècle. Importés par des érudits chinois et coréens, ces caractères ont été rapidement adoptés par les lettrés japonais, qui les ont d’abord utilisés pour lire et écrire en chinois.

Ce n’est qu’au VIIIᵉ siècle que les Japonais ont commencé à adapter les kanji pour écrire leur propre langue, une étape cruciale qui a mené à la création d’une écriture unique.

L’évolution des man'yōgana et la création des kana

Vers la fin du VIIIᵉ siècle, pour pallier les limites des kanji, les Japonais ont développé un système d’écriture phonétique basé sur ces caractères : les man'yōgana. Ces derniers ont donné naissance aux kana : les hiragana et les katakana, deux syllabaires essentiels à l’écriture japonaise moderne.

Le hiragana, au tracé fluide, a d’abord été utilisé par les femmes de la cour impériale pour rédiger de la poésie et de la littérature, tandis que le katakana, plus angulaire, servait principalement aux annotations de textes bouddhistes.

Les différents systèmes d’écriture japonais

Livre certainement en chinois pour représenter les différents kanji dont sont issus ceux de l’écriture japonaise — source Yosuke Ota sur UnsplashLes kanji : fondation de l’écriture japonaise

Les kanji sont des idéogrammes empruntés à la langue chinoise qui représentent des concepts, des objets ou des actions.

Un seul kanji peut avoir plusieurs lectures, selon le contexte dans lequel il est utilisé. Il existe deux types de lecture : la on’yomi (lecture chinoise) et la kun’yomi (lecture japonaise). S’il n’y a pas de règle précise pour savoir si un kanji se lit à la japonaise ou à la chinoise, il y a cependant quelques généralités :

  • S’il est seul dans une phrase, le kanji devrait se lire en kun’yomi, la prononciation japonaise.
  • S’il est associé à d’autres kanji, on utilisera le plus souvent l’on’yomi, la prononciation chinoise.

Par exemple, le kanji 今 (présent) se prononce en japonais "ima", tandis que le kanji 昔 (passé) se prononce en japonais "mukashi". Mais lorsqu'ils sont associés, on les prononce... kon-jaku. Konjaku, ça ne vous dit rien ?

Les kanji sont indispensables pour écrire la majorité des noms, verbes et adjectifs en japonais. Bien que complexe, leur maîtrise est essentielle pour quiconque souhaite lire et écrire couramment en japonais.

Il existe une liste des 1945 kanji « d’usage commun » appelés jôyô kanji, qui est la liste des kanji obligatoires apprise à l’école japonaise. Il existe une seconde liste, la jinmei kanji, qui représente les 600 kanji les plus utilisés dans les noms propres japonais.

Les hiragana : le syllabaire de la simplicité

Stèles sur lesquelles sont gravés les hiragana “minato” un des systèmes d’écriture japonaise — source Krisna Yuda sur UnsplashLe hiragana est utilisé pour exprimer les particules grammaticales, les terminaisons des verbes et les mots pour lesquels il n’existe pas de kanji approprié. Avec ses 46 caractères de base, ce syllabaire est plus simple à apprendre que les kanji, mais il est tout aussi essentiel dans l’écriture quotidienne des Japonais.

Les katakana : le syllabaire des mots étrangers

Le katakana est principalement utilisé pour transcrire les mots d’origine étrangère, les noms propres étrangers, ainsi que les onomatopées. Bien qu’il soit moins utilisé que les hiragana et les kanji, il reste crucial pour intégrer les éléments de la culture occidentale dans la langue japonaise.

Extrait d’un panneau d’affichage indiqué en katakana, un des systèmes d’écriture japonaise — source Paul Hanaoka sur Unsplash

Quelques ressources pour apprendre à écrire le japonais.

Livres, sites web ou vidéos YouTube, il existe de nombreuses ressources pour apprendre le japonais et ses systèmes d’écriture en autodidacte si vous n’avez pas la possibilité de prendre des cours avec un professeur. Voici notre sélection.

Pour les livres, les séries « Manekineko », « le japonais en manga » et « les kanji en manga » sont des valeurs sûres.

Issues des excellentes chaînes YouTube « Cours de japonais ! » par Julien Fontanier, dont on vous met la vidéo de présentation des différents hiragana ci-dessous, et « Tokimeki » d’Angélique Mariet, vous pouvez aussi retrouver leurs livres respectifs « Cours de japonais ! Volume 1″ et « Susume ! Méthode de japonais ».

Si vous êtes plutôt cours en ligne, vous pouvez aller voir les formations de Sophie de Cours-de-japonais.com, qui a aussi une excellente chaîne YouTube.

Calligraphie japonaise et systèmes d’écriture : l’art du Shodô

Histoire brève et symbolisme du Shodô

Comme nous vous l’avions détaillé dans un article précédent, la calligraphie japonaise, ou Shodô (書道), signifie littéralement « la voie de l’écriture ».

Introduite au Japon au VIᵉ siècle, elle a évolué sous l’influence du bouddhisme zen pour devenir un art spirituel. Chaque trait, chaque mouvement de pinceau reflète l’état d’esprit du calligraphe, transformant l’écriture en un exercice de méditation.

L’essence du Shodô réside dans la simplicité et la précision du trait, qui cherchent à capturer l’harmonie entre le corps, l’esprit et le caractère écrit.

Les outils traditionnels de calligraphie japonaise incluent le pinceau (fude), l’encre (sumi), le papier washi et la pierre à encre (suzuri). Chaque élément du matériel contribue au rituel de la calligraphie et participe au résultat final de l’œuvre.

Techniques et styles du Shodô et liens avec l’écriture japonaise

Le Shodô se décline en plusieurs styles, chacun ayant son propre caractère et sa propre technique. Les 5 grands styles de calligraphie japonaise sont les suivants :

  • Tensho : Style sigillaire utilisé pour les sceaux, aux lignes régulières et imposantes.
  • Kaisho : Style régulier, idéal pour les débutants, avec des caractères bien séparés et équilibrés.
  • Gyosho : Style semi-cursif, fluide et plus rapide, souvent utilisé dans l’écriture quotidienne.
  • Sosho : Style cursif, le plus libre et le plus expressif, utilisé dans l’art abstrait.
  • Reisho : style au trait aplati et régulier, utilisé pour simplifier le travail des fonctionnaires.

En plus du style, la calligraphie se décline en différentes catégories suivant le système d’écriture qu’elle représente. On retrouve par exemple :

  • Le daijisho est une représentation d’un ou deux kanji seuls en grand format.
  • Le kindai shibunsho est principalement utilisé dans la poésie et combine kana et kanji.
  • Le zen eisho est une sorte de calligraphie abstraite
  • Le tenkoku, aussi appelé l’art de la gravure sur sceau, représente en empreintes des kanji dans le style tensho.

Dans la culture japonaise, les différents systèmes d’écriture ont donc une place importante. On les voit apparaître dans différents styles de la calligraphie, mais aussi dans la littérature, la poésie avec les haïkus ou encore les estampes Ukiyo-e.

L’écriture japonaise à l’ère moderne

L’impact de la technologie sur l’écriture manuscrite

Kanji calligraphié par un maître du shodoAvec l’avènement des technologies numériques, l’usage traditionnel de l’écriture manuscrite est en déclin. De plus en plus de Japonais utilisent des claviers numériques pour écrire en kanji, en hiragana et en katakana, ce qui suscite des inquiétudes quant à la perte de la capacité à écrire à la main.

Certains craignent que cette dépendance à la technologie n’entraîne une érosion de la connaissance des kanji, une compétence pourtant essentielle pour comprendre la culture japonaise.

Crédit photo : DepositPhotos

Adaptations modernes et enseignement de l’écriture japonaise

Malgré les défis posés par la modernisation, l’écriture japonaise reste un pilier de l’éducation au Japon. Les enfants apprennent les kanji dès leur plus jeune âge, et la calligraphie continue d’être enseignée dans les écoles, non seulement comme un art, mais aussi comme un moyen de transmettre les valeurs de discipline et de concentration.

De même, la calligraphie, malgré son aspect traditionnel, continue de jouer un rôle vital dans la culture contemporaine et continue de faire de nombreux adeptes sur l’archipel nippon, mais aussi dans le reste du monde, comme en témoigne le travail de l’artiste et professeur de calligraphie Jean-Martin Vincent.

 

L’écriture japonaise surpasse le simple système de communication. Sa beauté et sa complexité en font une tradition et un symbole de l’identité japonaise. De la calligraphie des kanji aux syllabaires hiragana et katakana, chaque aspect de cette écriture reflète l’histoire et la culture nippone. À l’ère du numérique, alors que l’écriture manuscrite est menacée, il est plus important que jamais de préserver et de transmettre cet héritage. D’ailleurs, si vous souhaitez vous essayer à l’art de la calligraphie japonaise, vous pouvez venir vous initier lors de cours découvertes prévues toute l’année à la boutique.

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