La fabrication d’un futon japonais traditionnel en vidéo

Lors d’un de nos voyages à Kyoto, nous avons eu la chance de pousser les portes de l’atelier Takaokaya, maison familiale centenaire spécialisée dans la fabrication du futon traditionnel. Une immersion rare dans l’univers du shikifuton fait main, entre gestes précis, coton soigneusement sélectionné, et savoir-faire transmis de génération en génération.
Mais concrètement, comment est fabriqué un futon japonais ? On vous montre ce que nous avons vu, étape par étape, pour redonner à ce matelas emblématique toute la valeur qu’il mérite.
Un artisanat vivant au cœur de Kyoto
Avant d’entrer dans le vif du sujet, voilà quelques éléments de contexte.
Takaokaya fabrique des futons depuis 1919, dans la plus pure tradition japonaise. Leurs matelas, couettes et coussins de méditation sont conçus comme des objets de détente à part entière.
Chez eux, on ne parle pas de simple literie, mais de Kangu 寛具, un concept qui désigne littéralement les « outils de relaxation ».
Chaque produit est pensé pour favoriser la détente du corps et de l’esprit. Et ça se ressent à chaque étape.
La fabrication d’un futon traditionnel
Le choix des matières : rien que du coton
Le futon traditionnel est entièrement composé de coton :
- le tissu extérieur (la housse),
- le garnissage (la ouate),
- les coutures.
Ici, aucun compromis. Pas de mousse, pas de latex, pas de fibres synthétiques. Ce choix de matériaux naturels permet de réguler l’humidité, de limiter les allergènes et de garantir un bon maintien du corps.
Et comme la démarche de l’atelier est profondément écoresponsable, les chutes de tissu et les surplus de coton sont récupérés pour fabriquer d'autres produits comme les coussins zabuton ou les kakefutons, la couette traditionnelle japonaise.
On est loin des chaînes de production industrielles.
L’assemblage du coton : entre technicité et précision
C’est l’étape la plus fascinante.
Le cœur du futon, le shikifuton, est composé d’une superposition de 9 à 10 couches de coton, soigneusement pliées, positionnées, puis pressées. Mais attention, ce n’est pas un empilement au hasard.
L’artisan renforce certaines zones du matelas, comme les épaules, les hanches ou le bas du dos, pour offrir un confort parfaitement équilibré.
Ce savoir-faire repose sur l’expérience, le toucher et la précision. Chaque artisan a sa spécialité. Celui qui s’occupe de l’empilement, par exemple, est seul à intervenir sur cette étape. Il connaît le coton, anticipe les zones de pression, ajuste la répartition. Tout se joue à la main, sans patron industriel.
Mise sous housse et couture invisible
Une fois le garnissage prêt, il est inséré dans sa housse. Pour faciliter cette étape sans abîmer les fibres, les artisans utilisent une feuille plastique temporaire qui maintient les couches en place le temps de la mise sous tissu. Elle est ensuite retirée délicatement.
Puis vient la couture de fermeture, réalisée avec un point de couture spécifique appelé point kuke. Ce point a une particularité : il est quasiment invisible, même en y regardant de près. Résultat : un futon élégant, sans couture apparente, et parfaitement fini.
La fixation des couches : le point watoji
Dernière étape : les points de fixation intérieurs, appelés points watoji.
Ils permettent de maintenir les couches de coton entre elles dans la durée, sans qu’elles ne glissent ou ne se déplacent avec les années.
Là encore, le geste est maîtrisé, les mesures précises. Il ne s’agit pas simplement de fixer, mais aussi de préserver l’esthétique globale du matelas.
Un contrôle qualité... avec un détecteur de métaux
Dans un atelier où tout est cousu à la main, il peut arriver qu’une aiguille s’égare dans les couches de coton. Pour éviter tout accident, chaque futon passe sous un détecteur de métaux.
En cas de doute, le matelas est ouvert et inspecté. Une rigueur exemplaire, qui en dit long sur la qualité et l’éthique de fabrication.
Une fabrication 100 % manuelle... et sur mesure
Les futons fabriqués par Takaokaya sont tous réalisés sur commande, selon les indications du client : taille, poids, largeur, épaisseur, choix du tissu, des motifs…
Ce niveau de personnalisation garantit un matelas parfaitement adapté au corps du dormeur. C’est ce qui fait toute la différence avec un matelas industriel, qu’il soit japonais ou occidental.
Si vous souhaitez en savoir plus sur le choix d’un futon traditionnel, je vous invite à consulter notre guide détaillé.
Et après la fabrication ?
Une fois terminé, le futon est emballé avec soin, puis expédié depuis l’atelier jusqu’à chez nous, à Colmar. Le délai moyen est de 4 à 6 semaines. Un peu de patience donc… mais à l’arrivée, vous recevez un vrai futon japonais, cousu main, rien que pour vous.
Et si vous l’utilisez correctement – en le pliant chaque matin, en l’aérant régulièrement, et en le protégeant avec une housse – vous pourrez le garder plus de 15 ans. Pour en savoir plus, on vous donne tous nos conseils pour l’entretien de votre futon dans notre article dédié.
Pourquoi cette visite nous a marqués
Passer une journée dans les ateliers de Takaokaya, c’est comprendre pourquoi ce matelas a traversé les siècles. C’est voir que chaque geste a une raison, chaque couture a un nom, chaque outil a sa place. Et surtout, c’est se rendre compte que derrière la fabrication d’un futon japonais se cache un concentré de savoir-faire et de tradition.
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