• L'art de la calligraphie japonaise

    L'art de la calligraphie japonaise


    Histoire et technique pour maîtriser le shodô


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    Histoire et technique pour maîtriser le shodô


Les Japonais ont cette capacité à voir dans la moindre pratique d’apparence banale une opportunité de se réaliser, et d’en faire une voie de développement personnel. C’est notamment le cas du shodô, aussi écrit shodō en japonais, la « voie de l’écriture ». Dans cet article, nous vous invitons à découvrir l’art de la calligraphie japonaise, de la fabrication des outils à l’essence du trait.

L’art de la calligraphie japonaise : l’histoire du shodô

L’art de la calligraphie japonaise : l’histoire du shodô

L’origine de la calligraphie japonaise

La calligraphie japonaise, ou Shodō (書道) signifie littéralement « la voie de l’écriture ». Cet art ancien, profondément enraciné dans la culture japonaise, trouve ses origines en Chine. Il aurait été introduit au Japon au VIe siècle et a évolué sous l’influence du bouddhisme zen.</>

Le principe de cette « voie de l’écriture » consiste à réaliser des calligraphies des idéogrammes chinois qu’on retrouve dans l’écriture japonaise sous le terme de kanji. Loin de former un simple alphabet, les kanji sont en réalité des concepts qui servent de base à l’écriture chinoise et japonaise. Ainsi, derrière un seul caractère se cachent des notions parfois complexes et profondes qu’une belle calligraphie essaiera d’exprimer.

Les fondamentaux de la calligraphie japonaise

Chaque ligne a sa raison d’être, chaque mouvement du pinceau est justifié pour atteindre un résultat à la fois esthétique et évocateur. Le ou les kanji sont réalisés de la façon la plus précise et esthétique possible, tout en suivant des règles d’écritures strictes, comme c’est le cas pour la calligraphie arabe ou la calligraphie gothique.

Tout l’art du pratiquant réside dans cette transcription plus ou moins réussie, permettant ensuite à celui-ci ou au spectateur d’y trouver un support à la méditation.

Le shodô met l’accent sur la simplicité et l’essence du trait. Plus qu’un simple exercice d’écriture, la pratique de la calligraphie demande une grande concentration et beaucoup de rigueur. Elle est souvent comparée à une forme de méditation, où chaque trait et chaque mouvement du pinceau sont effectués avec une intention et une concentration profondes. Un art japonais qui mélange spiritualité et esthétisme.

Utilisation de la calligraphie dans la culture japonaise

Le fait d’associer ainsi un sens profond à la « simple » écriture d’un caractère rend l’usage de la calligraphie très « porteur de sens » pour les Japonais. Il n’est donc pas étonnant que celle-ci soit utilisée traditionnellement pour un certain nombre d’actions symboliques.

Dans les temples, les porte-bonheur qui y sont vendus, par exemple les gosshuin, sont fréquemment recouverts d’une calligraphie.

Dans les maisons traditionnelles, un espace, le tokonoma, était réservé à mettre en valeur un kakemono ou kakejiku représentant souvent une « simple » calligraphie.

De même, les enveloppes servant à donner de l’argent lors de différentes fêtes traditionnelles sont souvent décorées également d’une calligraphie ayant pour but de transmettre un souhait positif (bonheur, santé…) au destinataire.

Jeux vidéo, publicités, tatouages… la calligraphie japonaise est un style d’écriture aujourd’hui très répandue et appréciée pour son esthétisme partout à travers le monde.


Matériel et outils de base pour la calligraphie japonaise

Matériel et outils de base pour la calligraphie japonaise

Les trésors du lettré

Pour pratiquer cet art dans de bonnes conditions, il faut du bon matériel de calligraphie japonaise.

Les outils de base pour pratiquer l’art du shodô sont au nombre de 4 et sont appelés les trésors du lettré.

Ces outils traditionnels sont tous liés à la nature :

  • le pinceau au corps de bambou et - surtout - aux poils de différents animaux ;
  • l’encre de Chine au noir profond issu du charbon de bois ;
  • le papier washi dont la blancheur mettra en avant l’idéogramme qui y sera peint
  • le suzuri qui permet de préparer son encre.

Le fude, le pinceau de calligraphie

Le pinceau de calligraphie, ou fude (筆) est généralement fabriqué avec un manche en bambou et des poils d’animaux tels que la chèvre, le cheval, le tanuki (chien viverrin), et la martre.

De nos jours, des pinceaux avec des manches en plastique existent également. Cela n’a aucun effet sur la qualité du pinceau, seulement sur son esthétique. On peut trouver des pinceaux de très grande qualité avec un manche en plastique.

La qualité du pinceau dépend de la finesse et de la souplesse des poils, qui influencent la régularité et l’épaisseur du trait. Si les débutants peuvent se satisfaire de pinceaux avec des poils en nylon, un pratiquant expérimenté comprendra l’intérêt d’utiliser des poils d’origine animale.

La touffe est souvent réalisée avec les poils d’un seul animal, mais lorsqu’on se penche sur des pinceaux de qualité supérieure, celle-ci peut en contenir jusqu’à une dizaine de sortes de poils différentes. Cette variété a pour but de donner aux pinceaux réalisés différentes flexibilités ou duretés, qui joueront sur la régularité et l’épaisseur du trait.

On peut même trouver des pinceaux fabriqués avec les cheveux de bébé : les pinceaux obtenus sont fins et particulièrement souples. Ils sont assez recherchés par les calligraphes.

Poils d’animaux variés utilisés pour la fabrication de pinceaux de calligraphie japonaiseSélection de touffes de poils pour pinceaux de calligraphie japonaise, montrant différentes textures et flexibilité

Pour reconnaître la qualité de votre pinceau, quelques éléments clés sont observés.

Avant toute chose, on s’intéresse à la forme : l’extrémité du pinceau, le sen, doit être pointue. C’est elle qui garantira la netteté du trait.

Sur certains pinceaux japonais, il ne faut pas s’étonner de trouver 2 ou 3 poils plus longs au centre : c’est le inochi-ge, les « poils de vie » du pinceau.

Les poils, s’ils sont aplatis, doivent présenter un bel alignement. C’est ce qu’on appelle le sei.

Si l’analyse de la pointe peut se faire au moment de l’achat, l’observation du sei, ne peut se faire qu’ultérieurement, car lorsqu’il est neuf, le pinceau possède en général une touffe assez rigide en raison de la colle résiduelle qu’il faudra retirer au premier rinçage.

Artisan collant les poils sur un pinceau de calligraphie japonaiseEnsuite, on regarde le comportement du pinceau au contact du liquide. En premier lieu, le pinceau doit pouvoir être tourné dans le liquide avec facilité. Cela garantit une bonne homogénéité de chacune des parties de la touffe. C’est le en.

Enfin, à l’usage, les poils doivent présenter un bel équilibre afin de réagir parfaitement lors des mouvements de la main. C’est le ken.

Nous évoquions le premier rinçage. Il est très important. En effet, au moment de la réalisation du pinceau, surtout s’il est de qualité, la touffe a été plongée dans une colle végétale qui, même essorée, conservera une certaine dureté au séchage. C’est pourquoi il est très important avant de commencer à utiliser un pinceau neuf, de bien le laver à l’eau claire.

Par la suite, il sera essentiel d’entretenir son pinceau avec soin, en n’omettant jamais de le rincer délicatement à l’eau claire après chaque usage, et d’essuyer ensuite les poils en douceur. On laissera enfin le pinceau sécher en le suspendant à la verticale, pas à plat au risque de déformer la touffe.

L’encre sumi, révélatrice du geste

bâtonnet à encre sumi-e pour la réalisation de l’encre liquide utilisée dans la calligraphie japonaiseL’encre utilisée en calligraphie est en principe de « l’encre de Chine » qui est le plus souvent proposé sous forme de bâtons rectangulaire à frotter sur une pierre pour en mélanger la poudre avec de l’eau.

Le terme d’« encre de Chine » provient de l’origine de la fabrication de cette encre particulière, réalisée à base de suie générée par la crémation de bois et mélangée avec une glue pour l’agglutiner. Le Japon en est aujourd’hui un producteur réputé.

En japonais, cette encre se nomme sumi. Dans ce pays, on utilise pour sa fabrication la suie issue du pin, et une colle d’origine animale. Il arrive qu’on remplace la suie du pin (shôen-boku) par une huile végétale (yuen-boku). On considère que les fabrications japonaises sont plus dures et moins condensées que la plupart des fabrications chinoises, leur permettant de mieux résister à l’étirement, et donc d’offrir une plus grande précision des tracés.

Artisans japonais fabriquant des bâtonnets d’encre sumi-e dans un atelier à NaraIl est assez difficile d’obtenir un résultat convenable à partir d’une fabrication industrialisée des bâtons d’encre. C’est pourquoi encore aujourd’hui on trouve quelques entreprises qui continuent à réaliser ces bâtons d’encre à la main. Entre autres, la maison Kuretake poursuit cette tradition en appliquant une méthode de fabrication qui fut définie il y a près de 400 ans, et qui demeure inchangée à ce jour.

Le sumi est en général fabriqué durant la saison froide, de fin octobre à début mai, l’atmosphère offrant des conditions optimales à la fabrication des bâtonnets.

La première étape consiste à obtenir de la suie par combustion du pin et à la mélanger à une colle animale dans une certaine proportion pour obtenir une « pâte » qu’on va pouvoir travailler par malaxage à la main pour gagner en homogénéité et en densité.

Selon la qualité du bois, on joue sur la qualité et les reflets de l’encre tandis que celle de la gélatine jouera sur la viscosité de l’encre au moment de son application. La proportion entre ces deux éléments a évidemment également un effet sur la qualité de l’encre. Les artisans sont assez discrets sur celle-ci.

Bâton d’encre sumi avec des motifs traditionnels japonaisLa pâte ainsi obtenue est ensuite placée dans un moule en bois et pressée à la vis. Il existe différentes tailles de moules, mais le modèle « standard » mesure environ 12 x 4 x 2 cm, nommé « icchô-gata ». Si on considère ce modèle standard, un artisan peut réaliser jusqu’à 880 pièces par jour.

Pour les pièces de qualité, il est assez fréquent qu’on sculpte certaines surfaces des moules pour produire des décors de toute beauté sur les bâtons.

Reste ensuite à procéder au séchage.

Celui-ci est traditionnellement réalisé en utilisant de la cendre de bois en vue d’absorber l’humidité du sumi. On commence par utiliser des cendres humides, puis on les remplace graduellement par des cendres de plus en plus sèches pendant une période allant de 7 jours pour des bâtons de taille standard à parfois 21 jours pour les plus grandes tailles.

Bâtonnets d’encre sumi-e en cours de séchage après fabrication traditionnelle à NaraUne fois séchée, l’encre est suspendue pendant une période de 1 à 2 mois avant de pouvoir être commercialisée. Cette suspension est réalisée en les attachant avec de la paille de riz. D’expérience, c’est la seule matière qui n’altère pas les sumi si durement réalisés.

Depuis l’ère Meiji (fin XIXe siècle), on peut trouver de l’encre sous forme liquide. Certains puristes la dénigrent considérant qu’elle est de moindre qualité.

Dans les faits, il semble qu’on puisse trouver de très bonnes encres sous forme liquide.

Néanmoins, pour le véritable pratiquant du shôdo, la préparation de l’encre fait partie du rituel, offrant un moment de transition, permettant de se concentrer avant de commencer à faire courir son pinceau…

Le papier washi, le 3e trésor du lettré

Feuille de papier washi utilisée pour la calligraphie japonaiseSi la calligraphie chinoise a historiquement privilégié un papier issu des feuilles du riz, la calligraphie japonaise s’est très rapidement tournée vers un autre type de papier dont les vertus ont depuis été largement reconnues (au point de le classer au patrimoine de l’humanité par l’UNESCO !), le washi, tiré de l’écorce du mûrier.

La particularité du papier washi est de posséder un maillage plus important dans sa structure, lui conférant à la fois une solidité étonnante, mais également un « effet buvard » moins important, propriété qui s’avère très intéressante pour la calligraphie.

Lorsque le washi est utilisé pour la calligraphie, on lui donne le nom de hanshi. Il est en général nettement plus fin que le papier courant, avec un côté absorbant, l’autre étant légèrement satiné.

Pour en savoir plus sur le washi, nous vous invitons à jeter un coup d’œil sur la vidéo de la fabrication du papier washi que Konjaku a réalisée il y a quelque temps sur ce sujet ou à consulter notre article sur les secrets de fabrication du papier washi.

Soyons clairs, si vous débutez dans votre pratique, un papier blanc classique sera parfait pour vous entraîner. Mais lorsque votre trait gagnera en assurance et que vous voudrez réaliser de véritables calligraphies, il sera temps d’envisager d’utiliser un véritable hanshi comme support à votre trait.

On peut trouver des feuilles de washi fabriquées industriellement. Il s’agit en général d’un bon compromis pour un usage régulier à tarif raisonnable. Les pratiquants confirmés s’orienteront sur des feuilles fabriquées à la main qui présenteront souvent un aspect un peu moins régulier, un peu rustique.

Suzuri, la pierre à encre traditionnelle

Pierre à encre suzuri traditionnelle utilisée pour préparer l’encre sumi en calligraphie japonaiseLe suzuri est une pierre naturelle creusée qui servira de récipient au mélange de la poudre d’encre et de l’eau. Sa forme est variable, mais comprend en principe une zone relativement plate, nommée « colline », sur laquelle on pourra facilement gratter notre sumi, et une partie creuse, « la mer », destinée à opérer le mélange avec l’eau puis à servir de réservoir durant le travail.

Si nous avons régulièrement mentionné l’intérêt des outils de calligraphie fabriqués au Japon, il semblerait que les pierres à encre fabriquées à base de roches éruptives chinoises soient considérées comme les meilleures, mais très rares en raison de l’épuisement des ressources, et donc particulièrement onéreuses.

Au Japon, on utilise principalement des roches issues de glaise qui s’est solidifiée avec le temps. La plus populaire est la genshô-seki.

Pour réaliser un suzuri, l’artisan procédera à la taille puis au polissage de la pierre. Certains suzuri pourront ainsi prendre des formes originales, devenant parfois de véritables œuvres d’art. Le suzuri étant le seul élément vraiment permanent de l’équipement du calligraphe, on peut comprendre cette approche.

Les propriétés recherchées par le calligraphe dans son suzuri sont principalement son grain et sa texture qui faciliteront plus ou moins un frottement efficace du bâton d’encre dessus pour en extraire la poudre.

On trouve de plus en plus de suzuri réalisés en plastique. À l’origine, ceux-ci étaient essentiellement destinés à recevoir une encre liquide industrielle. Aujourd’hui, les suzuri en plastique sont le plus souvent adaptés également à être utilisés avec un bâton de sumi.

Certains sont même réversibles, avec un côté adapté à l’usage avec un bâtonnet d’encre, et l’autre pour l’encre liquide.

Autre matériel essentiel à la calligraphie japonaise

Bunchin, presse papier utilisé pour caler sa feuille en calligraphie japonaiseEn complément de ces « 4 trésors », on utilise également un bunchin. Il s’agit d’une pièce de métal servant de poids pour maintenir le papier durant le tracé. La plupart du temps, le bunchin est une simple barre, un peu à la manière d’une réglette, mais on peut en trouver relativement ouvragés, voire parfois de forme originale.

Vient enfin le moment de signer son œuvre. Au Japon, on n’a pas l’habitude d’utiliser une « signature » au sens occidental du terme, mais plutôt d’apposer un sceau, le hanko, qui joue ce rôle sur tous les actes civils au Japon. La plupart du temps, le hanko se présente sous la forme d’un petit tampon de base carrée, éventuellement ronde, qu’on enduit d’encre rouge avant de placer sa marque.

Pour parfaire leur pratique, certains amateurs utilisent des accessoires de calligraphie supplémentaires, que vous pouvez retrouver sur notre boutique en ligne.


Techniques et pratiques de la calligraphie

Techniques et pratiques de la calligraphie

Pratiquer la calligraphie japonaise dans de bonnes conditions

Pour les pratiquants expérimentés, la calligraphie se caractérise par une série d’étapes très précises, proches d’un rituel. Avant même de commencer à dessiner, il est d’usage de préparer son matériel, y compris son encre.

Lors du tracé, une bonne posture et une respiration contrôlée sont cruciales. Le pratiquant doit s’asseoir droit, les pieds à plat sur le sol, et tenir le pinceau de manière détendue, mais contrôlée. Certains pratiquent même la calligraphie assise en tailleur, de la façon la plus traditionnelle possible.

La respiration doit être profonde et régulière, permettant de maintenir un état d’esprit calme et concentré. Synchroniser le mouvement du pinceau avec le souffle crée une harmonie entre l’esprit, le corps et l’œuvre. Bien que difficile pour les non-initiés, cette pratique se rapproche énormément de la méditation.

Maîtriser les traits de base

Les traits de base de la calligraphie japonaise comprennent des lignes droites, des courbes, des arrêts et des démarrages. Chaque trait nécessite une pression et une vitesse spécifiques du pinceau.

La maîtrise de ces traits est essentielle pour construire des caractères complexes et développer un style personnel. Les exercices pour débutants incluent le tracé de lignes simples, en se concentrant sur la pression du pinceau et la fluidité du mouvement.

Si l’exercice semble facile, méfiez-vous : l’art de la calligraphie est subtil et complexe. Il vous faudra dessiner certains traits probablement des centaines de fois avant d’obtenir le résultat attendu.

Le mieux reste encore de vous faire accompagner par un maître en calligraphie japonaise comme l’artiste Jean-Martin Vincent. Ils ont l’œil pour corriger la posture et vous permettre d’obtenir les bons automatismes dans la pratique de la calligraphie.

Et si vous avez la chance de passer par Colmar, vous pouvez même participer à un cours de calligraphie japonaise en présentiel.

Les différents styles de calligraphie japonaise

Au fil du temps, et comme pour tout autre mouvement artistique, la calligraphie a évolué pour s’émanciper de l’héritage de la Chine, mais aussi pour s’adapter et répondre aux besoins culturels et pratiques du Japon. Il existe aujourd’hui 5 principaux styles de calligraphie japonaise :

  • Le tensho
  • Le Reisho
  • Le Sosho
  • Le gyosho
  • Le kaisho

Le Tensho est le plus ancien de ces styles. Issu de la dynastie Qin, il est associé aux inscriptions sur os, carapaces et bronzes rituels. Ce style sigillaire, reconnaissable à ses lignes fines et régulières, est resté principalement utilisé pour les titres et les sceaux, en raison de son caractère formel et imposant.

Kanji réalisés en calligraphie tensho - source orientalsoul

Le Reisho, développé pour simplifier le travail des scribes et fonctionnaires chinois, se distingue par ses traits aplatis et ondulés, connus sous le nom de "Queue d'Oiseau". Il s'est imposé comme un style particulièrement adapté aux plaques et titres d’œuvres, avant d'être considéré comme une forme d'art au Japon à partir de la période Edo.

Kanji réalisés en calligraphie reisho - source orientalsoul

Le Sosho, ou style cursif, est une écriture fluide et simplifiée, où les caractères sont souvent tracés en un seul mouvement de pinceau. Considéré comme le plus difficile à maîtriser, il est utilisé dans l'art abstrait et le zen pour exprimer l'énergie et la spontanéité de l'auteur. Le Sosho privilégie la rapidité et l'expressivité, sacrifiant parfois la lisibilité pour une forme artistique plus libre.

Kanji réalisés en calligraphie sosho - source orientalsoul

Le Gyosho, ou style semi-cursif, est une version légèrement plus souple du kaisho, combinant rapidité et lisibilité. Développé sous la dynastie Han et perfectionné par Wang Xizhi, il est aujourd'hui couramment utilisé dans l'écriture manuscrite quotidienne. Ce style harmonise bien les kanji et hiragana, ce qui le rend très populaire au Japon.

Kanji réalisés en calligraphie gyosho - source orientalsoul

Enfin, le Kaisho, ou style régulier, est une écriture claire et standardisée, née du besoin de centralisation du pouvoir sous les dynasties Wei et Jin. Il se distingue par des caractères bien séparés et équilibrés, souvent utilisés comme modèle pour les caractères d'imprimerie. Ce style est particulièrement adapté aux débutants en calligraphie en raison de sa lisibilité et de sa structure rigoureuse.

Kanji réalisés en calligraphie kaisho - source orientalsoul

Mais pour les plus curieux, sachez qu’il existe des dizaines de styles différents en fonction des époques et de l’usage qu’on en fait, comme le kanrei, le bokusei (calligraphie zen), le chochinmoji qu’on retrouve sur les grandes lanternes ou encore l’Higemoji utilisé surtout dans les magasins de saké.

Kanji réalisés en calligraphie chochinmoji à gauche et higemoji à droite

Les différentes catégories de calligraphies japonaises

En plus des différents styles, il existe différents types d’écritures calligraphiées, et elles ont toutes un nom.

Le Daijisho par exemple, se concentre sur la mise en valeur graphique d’un ou deux kanji, en modulant les traits et la pression du pinceau pour créer une œuvre où l’esthétique prime sur la signification des caractères.

Daijisho, kanji noir réalisé à l’encre sumi

Les Kanas, syllabaires japonais dérivés des kanji, sont essentiellement utilisés pour écrire des poèmes et des haïkus, et restent populaires dans la calligraphie féminine.

Calligraphie de kana - source school of shodo

Le Kindai Shibunsho, né au milieu du XXe siècle, combine kanji et kana pour rendre les textes anciens plus accessibles, et est souvent employé pour la poésie moderne, les haïkus et les traductions.

Kindai shibunsho calligraphie de kana et kanji

Le Zen Eisho représente l’avant-garde de la calligraphie, se libérant des règles traditionnelles pour se rapprocher de l’art abstrait, où la forme prime sur le contenu.

Kanji réalisé à la façon zen eisho - source calligraphie-japonaise.fr

Enfin, le Tenkoku, l’art de la gravure sur sceau, a évolué pour passer du simple outil d’authentification de documents à une forme d’expression artistique, utilisant des pictogrammes chinois et kanji gravés sur des pierres pour créer des empreintes visuelles uniques.

Gravure sur sceau tenkoku source maison du Japon à Paris

 
L’art de la calligraphie japonaise, ou Shodô est une discipline enrichissante qui combine l’art, la culture et la spiritualité. Maîtriser cet art nécessite non seulement une compréhension profonde des techniques et des outils, mais aussi une appréciation des aspects culturels et symboliques qui le sous-tendent. Avec cet article, nous espérons vous avoir offert un aperçu complet et inspirant de la calligraphie japonaise et des moyens de vous y initier. Que votre voyage dans le monde du Shodô soit rempli de découverte, de créativité et de paix intérieure.


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